jeudi 18 février 2016

Avec Salvador Pániker, sur le B.







(fragment de Journal d'Automne de Pániker, la police de caractère ayant le mal de mer - mareada - n'est pas de mon fait) 


"Appels téléphoniques, personnes qui m'ont vu à la télévision, dans le programme Millenium, qui traitait du bonheur. En effet, ce programme gravé il y a deux semaines de cela dans les studios de TV3 a été retransmis hier soir. Le thème du bonheur est fastidieux et creux. (Le mot sanskrit ananda recouvre des connotations plus complexes. A.K. Coomaraswamy dit qu'à chaque concept de psychologie anglais correspondent quatre concepts grecs et quarante du sanskrit). Ortega pensait que le bonheur était le point de rencontre entre la vie réelle d'une personne et son "projet vital" le plus irrévocable, et que la mauvaise humeur était le symptôme du malaise de l'être vivant allant contre sa vocation. (ma sensation est celle d'avoir affaire à beaucoup de gens "mal cadrés" : ils ne coïncident pas avec ce qu'ils auraient dû être. ) À la télé, j'explique pour la énième fois que ce qu'il faut faire avec le B. est de ne pas le chercher. Les boudhistes l'ont déjà dit : le désir du nirvana empêche le nirvana. J'ai également fait allusion à ce que Candace Pert appelle les molécules du bonheur, à savoir les endorphines. Et à la tradition gréco-romaine de sapiens beatus est - "le sage est heureux" - cher à Cicéron. Mes interlocuteurs - le sociologue Jésus de Miguel, la psychologue Diana Guerra et la directrice de la revue Cosmopolitan, Sara Glattstein. - furent discrets. Le présentateur, Vicenç Villatoro, s'est maintenu à un niveau  de trivialité asceptisée. Les commentaires, aujourd'hui, ont été élogieux. (...) Hormis les lieux communs déjà mentionnés, j'ai fait allusion à l'actuelle abherration consistant à vouloir être éternellement jeune. Je me suis référé également aux récentes études qui traitent du Bonheur Intérieur Brut (BIB), comme extension du concept de PIB. (...) Les latins distinguaient le felix, du beatus, celui qui possède des biens extérieurs, et celui qui a atteint un état de plénitude intérieure. La condition de beatus, chacun doit la gagner par soi-même." 

J'ajoute que la condition de beatus se gagne par chacun, mais que d'après l'auteur, il ne faut pas la chercher.


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